2. Le haut potentiel de valorisation du son de blé

2.1 En Europe

L'Union européenne (UE) est un des plus grands producteurs de céréales au monde. Selon le Coceral14, en 2019, la production de blé s'élevait à 145,7 millions de tonnes.

Graphique sur la production de céréales dans l’Union européenne

Production de céréales dans l’Union européenne

Le blé constitue plus de la moitié des céréales cultivées. L’autre moitié se compose d’un tiers de maïs et d’un tiers d’orge. Le dernier tiers englobe les céréales cultivées en plus petites quantités, comme le seigle, l’avoine et l’épeautre. Les céréales cultivées sont principalement utilisées pour l’alimentation animale (près des 2/3), un tiers est destiné à la consommation humaine, tandis que seuls 3% sont utilisés pour les biocarburants15.

2.2 En France et en Belgique (2019)

Graphique France et Belgique

Les régions Champagne-Ardenne, Picardie, Wallonie et Flandre, concernées par le projet ValBran, sont des régions au sein desquelles la culture du blé est abondante.

En 2019, la Belgique a produit un total de près de 1,8 millions de tonnes de blé, dont 1.172.000 tonnes en Wallonie et 617.070 tonnes en Flandre. La France a quant à elle produit 29,5 millions de tonnes de blé16.

2.3 Le son de blé : coproduit d’intérêt pour les bioraffineries

Le son est un coproduit agricole abondant, issu des procédés de meuneries et de bioraffineries. Il correspond aux enveloppes végétales qui entourent et protègent le grain de blé. Actuellement, ce coproduit est majoritairement valorisé en alimentation animale et trop peu exploité pour la production de molécules à haute valeur ajoutée.

Bon à savoir

Selon European Flour Millers17, il existe environ 600 types de farines en Europe. La proportion de son de blé varie en fonction du type de blé et du type de farine produit (blanche ou complète). On estime que la proportion théorique d’extraction de son – issu du blé et disponible pour diverses utilisations – est comprise entre 15% et 25%.

Le son de blé est au cœur du projet ValBran de par sa disponibilité et sa faible récalcitrance à une conversion biologique ne nécessitant aucune étape de prétraitement physicochimique. Par ailleurs, au regard des tonnages de production mondiale des biotensioactifs ciblés dans le projet (esters de sucre et alkyl glycosides), le choix du son permet de ne pas déstabiliser cette filière, principalement orientée vers l’alimentation animale. L’approche biocatalytique (synonyme de « enzymatique ») développée au sein du projet permet d’estimer une production de biotensioactifs s’élevant à 100 à 150 kilos par tonne de son de blé.

Interview André Tonneaux, BioWanze18

Photo de André Tonneaux André Tonneaux BioWanze

En zone transfrontalière franco-belge, y a-t-il suffisamment de son de blé à valoriser ?

Rien que pour le site de BioWanze, nous produisons environ 10.000 tonnes de son de blé par an, en provenance de notre meunerie, et issu de blé de Belgique (50%), France (25%) et Allemagne (25%). Ce son est disponible pour une valorisation comme matière première en biotensioactifs.

Quel est l’intérêt majeur pour une entreprise comme BioWanze de développer de nouvelles voies de valorisation du son de blé ?

Nous défendons une « triple vision » zéro déchet sur notre site de production. Premièrement, à partir de 2021, nous allons valoriser le flux de déchet restant qui est actuellement le CO2 issu de la fermentation. Il est prévu que ce CO2 soit comprimé, épuré et liquéfié pour atteindre la qualité Food et l’utiliser en production de boissons pétillantes. Deuxièmement, nous avons des objectifs ambitieux de neutralité carbone : 90% d’utilisation d’énergie biomasse en 2024 et 100% à l’horizon 2030.

Enfin, nous visons la diversification de notre portefeuille de produits au travers d’activité de bioraffinage. Nous pensons que le projet ValBran va nous permettre de donner de la valeur ajoutée (financière, environnementale et sociétale) à la fraction la plus noble du son de blé et nous permettre de rentrer dans un nouveau marché (détergents, tensioactifs) en remplacement des produits sourcés actuellement sur base d’hydrocarbures. Cette diversification est souhaitée vu l’incertitude qui existe sur l’avenir des biocarburants de 1 ère génération après 2030 donc nous travaillons à de nouvelles utilisations de nos produits intermédiaires et finaux.

En quoi l’approche du projet de recherche ValBran est-elle novatrice, par rapport à d’autres projets similaires, et complémentaire par rapport aux démarches entreprises par votre entreprise ?

Il y a d’abord une forte complémentarité géographique. Biowanze a toujours utilisé des matières premières locales, du blé en provenance du BeNeLux, de France et d’Allemagne. Le projet ValBran s’inscrit parfaitement dans celle logique de proximité.

Ensuite, il y a une complémentarité de compétences. Nous avons besoin des expertises scientifiques et technologiques des partenaires du , projet, de même que des études de marchés des universités et centres de recherche pour mettre en place notre business plan et une étude de faisabilité. BioWanze a la capacité de transformer ce projet scientifique en projet industriel et commercial viable.

Enfin, il y a l’approche participative. Durant ces 4 années, il y a eu beaucoup d’interactivité et de transparence dans nos échanges. On a ressenti une réelle volonté des partenaires de monter un projet durable, ensemble.


14 Association européenne représentant le commerce des céréales, du riz, des aliments pour animaux, des oléagineux, de l'huile d'olive, des huiles et graisses et de l'agrofourniture.

15 Commission européenne, 2020

16 Statbel, 2020 ; Agreste, Ministère français de l'Agriculture et de l'Alimentation, 2020

17 Association européenne qui représente les meuneries (mouture du blé, du seigle et de l'avoine) à l'échelle de l'UE et à l'international.

18 BioWanze est le plus gros producteur de bioéthanol en Belgique. Le biocarburant ne représente cependant qu’une partie du caractère durable de l’activité. Cette bioraffinerie produit, grâce au développement de procédés innovants, du gluten, du ProtiWanze®, des engrais verts et des fibres de son. L’usine assure son autonomie énergétique grâce à une chaudière biomasse prototype unique au monde. BioWanze fabrique et distribue des produits à haute valeur ajoutée et de qualité pour l’alimentation humaine et animale ainsi que pour l’agriculture.